Le 29 novembre 2022, grâce à l’action du Collectif Féministe contre le Viol (CFCV) assisté de la Force juridique de la Fondation des Femmes, la 17ème chambre du tribunal judiciaire de Paris a condamné le youtubeur dit Amine Mojito pour provocation à la discrimination, à la violence et à la haine à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur sexe (délit prévu à l’article 24 alinéa 8 de la loi pour la liberté de la presse du 29 juillet 1881). 

Benjamin Chouai assurait la défense du CFCV (partie civile).

Amine Mojito diffusait sur Internet des vidéos dans lesquelles il pratiquait des actes de violences particulièrement dégradants et humiliants (coups, usage de fouet, insultes, jet de liquides, etc..) sur des femmes dont seule la partie inférieure du corps apparaissait. Celui-ci encourageait ses spectateurs à suggérer d’autres actes de violences dans le cadre de diffusion en direct sur l’application Périscope. C’est à travers ces mises en scènes réifiantes et déshumanisantes pour les femmes que le Youtubeur avait construit sa notoriété.  

Le CFCV qui gère la ligne d’écoute Viols Femmes Informations 0 800 05 95 95 constatant, dans le cadre d’échanges avec des victimes, les effets de cette incitation à la violence et à la haine des femmes, a fait appel à Saul Benjamin Chouai). 

Dans son jugement, le tribunal, retenant qu’il ressortait des vidéos « une impression d’humiliation de la femme, réifiée puisque sous la possession et la domination de l’homme qui la frappe, celui-ci riant », que « le spectateur assiste à des actes de violence non pas feints mais réels, les coups portés marquant les corps de ces femmes de façon visibles à l’écran » et qu’Amine Mojito invitait son audience à reproduire ces gestes, a estimé que les faits étaient “graves, au vu de la violence ainsi véhiculée envers les femmes et de l’écho qu’ils ont rencontré sur internet (plusieurs milliers d’abonnés étant mentionnés par les enquêteurs s’agissant de la chaîne Youtube)” et a condamné le Youtubeur à réaliser, à ses frais, un stage de sensibilisation sur l’égalité entre les femmes et les hommes de 5 jours, outre 1 € au titre des dommages et intérêts demandés par le CFCV et les frais de défense encourus par l’association. 

Emmanuelle Piet, Présidente du CFCV : “La première fois que j’ai entendu parler des vidéos d’Amine Mojito, c’est par des mineurs condamnés pour violences sexuelles. Ils disaient tous « nous on fait comme Mojito ». C’est pour ça que le Collectif Féministe Contre le Viol a porté plainte : pour ceux qui ont déjà un parcours de violence, ces vidéos dégradent encore plus l’image des femmes et banalisent les actes de violences à leur encontre.

Benjamin Chouai, avocat du CFCV et membre de la Force juridique de la Fondation des Femmes : « le Tribunal a fait une parfaite application de la loi de 1881 et envoie ce faisant un message à tous ceux qui diffusent la haine et la violence sur Internet ou dans les médias envers les femmes»

Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes : “Ce rappel est bienvenu à l’heure des réseaux sociaux déchainés qui s’accommodent bien trop souvent de provocation à la haine des femmes. Je suis fière du travail de la Force juridique de la Fondation des Femmes aux côtés des associations pour que les droits des femmes soient toujours mieux reconnus et respectés dans la loi et dans les tribunaux”. 

À propos du CFCV 

Le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) s’est constitué en 1985 dans la région parisienne pour réagir face à des viols commis dans des lieux publics devant des témoins passifs. 

Un an plus tard, le 8 mars 1986, le CFCV ouvre la permanence téléphonique Viols-Femmes-Informations – 0 800 05 95 95 grâce à l’appui du Ministère des Droits des Femmes qui propose aux victimes de violences sexuelles écoute, soutien et solidarité, ainsi que des informations nécessaires aux différentes démarches qu’elles peuvent entreprendre. 

En parallèle l’association organise des groupes de parole, assure des accompagnements solidaires aux procès, se constitue partie civile, assure la formation de professionnel.les et partage son expertise avec les institutions, les pouvoirs publics.

Pour en savoir plus : cfcv.asso.fr

La presse s'en fait l'écho:

Saul